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L'oppresseur ne se rend pas compte du mal qu'implique l'oppression tant que l'opprimé l'accepte.

Henry David Thoreau

 

Notes de mise en scène :

Comment ne pas être fasciné par un personnage aussi entier, par cette figure féminine de la désobéissance civile que représente Antigone. Antigone préfère la mort plutôt que la soumission à une loi inique. Elle s’oppose au pouvoir masculin, affirme sa féminité et se proclame le droit de parler en tant que femme, à l’égal de l’homme.


En quoi la loi de Créon se révèle-t-elle injuste ?

Si nous reprenons l’histoire de ce qui forme le cycle des Labdacides,  Etéocle et Polynice ne pouvant gouverner ensemble, doivent alterner d’une année sur l’autre la gouvernance de Thèbes, mais à la fin de son règne, Etéocle refuse de quitter le trône, son frère ayant épousé la fille du roi d’Argos.                                   En attaquant Thèbes, Polynice fait valoir son droit. Ce n’est donc pas en ennemi de la patrie, comme le déclare Créon, qu’il combat la ville. Il ne veut que reprendre une place qui est sienne.

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 La pièce s’ouvre sur la confrontation des deux frères, dans un duel chorégraphié aux sabres.       

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 Les deux frères meurent et Créon hérite du Trône.

 

 

 

 

 

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L' arrivée de Créon, la première fois qu’il vient s’adresser au peuple, correspond au départ des Argiens. Thèbes n’est plus assiégée. La Ville fête sa libération à travers des chants.

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C’est sur ce moment de joie que Créon assoit son pouvoir et c’est au cœur de cette fête qu’il proclame son premier discours. Il est donc acclamé par les Thébains, tout à leur victoire, même si lorsqu’il annonce que le corps de Polynice ne sera pas enseveli et ne connaîtra pas les honneurs dus aux morts, une partie la foule laisse entendre un murmure désapprobateur.

 Le discours de Créon est donc ponctué par des applaudissements, des cris, comme ceux qui accompagnent les discours des dictateurs tel Benito Mussolini et Adolph Hitler, mais aussi par une rumeur qui annonce la chute de Créon.                                                                              

Créon hérite du pouvoir, mais est-il en capacité de gouverner ?

A-t-il l’âme d’un chef ? 

La pièce d’Antigone nous montre bien que Créon n’est pas à sa place sur le trône de Thèbes, parce qu’il ne sait qu’ordonner. Il ne prend pas de décisions propres, il se contente d’appliquer la loi à la lettre. C’est ce qui rend son pouvoir fragile.

Gouverner ce n’est pas ordonner, c’est savoir entendre.

Voilà pourquoi le comédien qui joue Créon boite. Ce déséquilibre physique montre le déséquilibre intérieur du personnage, une faiblesse qu’il tend à compenser par un excès d’autorité.

 

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Le deuxième sujet est l’opposition Homme/Femme. Elle me parait essentielle tant je remarque le fossé qui se creuse de plus en plus dans notre société entre l’Homme et la Femme.

 Les rapports entre Filles et Garçons ne sont pas basés sur un mode égalitaire, les jeunes mâles argumentant que les femmes n’ont pas leur mot à dire, que l’Homme est le chef indiscutable.

 

ANTIGONE 120518 048 les paroles de Créon (…) Tant que je vivrai, une femme ne commandera pas. (…) Ainsi les règles stables doivent être défendues, et il ne faut en aucune façon céder à une femme. Il vaut mieux, si cela est nécessaire, reculer devant un homme, afin qu'on ne dise pas que nous sommes au-dessous des femmes…   

 

                 

Antigone s’oppose à ce que le pouvoir soit exclusivement masculin et veut faire entendre sa différence.

 

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Tout au long de la pièce les personnages, sauf Antigone, se transforment en marionnettes, parce qu’ils deviennent les pantins de leur existence,
incapables qu’ils sont d’affirmer leur choix face à la mécanique du pouvoir de Créon, lui-même marionnette d’un pouvoir qu’il ne contrôle pas.

 

 

 



Il n'y a pas de liberté sans infidélité, pas de sincérité sans désobéissance.

Jérôme Garcin

 

Distribution

 

Hélène Péquin                                       Antigone, le chœur, Eurydice

Christine Eckenschwiller                   Ismène, le messager, le chœur, un garde, Etéocle

Aliona Kourepov                                    Tirésias, Eurydice, le Choeur

Grégory Cartelier                                Créon   

Laurent Cabrol                                     Hémon, un garde, le chœur, Polynice

Mise en Scène                                        Yves Sauton

Chorégraphie combat                           David Reynard (maître de Kung-Fu)

Création Masques                                 Eric Despretz

Création Musique                                 Bruce Brunetto

Création Costumes (avec colorimétrie)  Hélène Vigreux

Kimono et costume d’Ismène               Corinne Eckenschwiller

Création Décor                                      Olivier Daulon

Création Lumières                                Guillaume Sarrouy

 

 

La Presse :

LE PITCH

Etéocle et Polynice assurent la gouvernance de Thèbes une année sur deux. Mais à la fin de son règne, Etéocle refuse de quitter le trône, son frère ayant épousé la fille du roi d’Argos. Les deux frères vont mourir et Créon, qui hérite du trône, décrète que Polynice n’aura pas de sépulture, considérant que ce dernier s’est battu contre patrie. Mais Antigone refuse que ses deux frères n’aient pas droit aux mêmes honneurs.

L’AVIS DU FESTIVALIER

Le rideau se lève sur la confrontation des deux frères dans un duel chorégraphié aux sabres, tous deux ont le visage masqué. Yves Sauton vient encore de relever un défi, et non des moindres, avec cette mise en scène époustouflante de l’Antigone de Sophocle. Il emprunte avec la plus grande élégance la créativité dans le monde des arts martiaux, de la sculpture et de la musique. Les masques sont des créations uniques d’Eric Despretz , talentueux sculpteur qui donne une âme aux formes et aux couleurs. La musique est une création de Bruce Brunetto, compositeur qui a su trouver la musique qui accompagne si merveilleusement cette harmonie saisissante de beauté. Antigone est là, au cœur du drame, telle que nous la connaissons tous, symbole même de la désobéissance prête à perdre la vie plutôt que de se soumettre à la loi et à la domination masculine. C’est la seule qui restera constante dans son comportement et ses convictions, ce qui semble avoir dispensé le metteur en scène de revêtir son visage d’un masque. Cette revendication de la féminité, ce courage sans limite de s’opposer au discours et aux exigences arbitraires d’un dictateur sont des combats qui ne doivent jamais cesser, même encore aujourd’hui. Cette magnifique pièce chargée de symboles originaux est à ne pas manquer.Haut du formulaireBas du formulaire

par Anne Cholet le 29/07/2011

 

 

Antigone de Sophocle
Mise en scène de Yves Sauton
Avec Linda Bourmel, Laurent Cabrol, Grégory Cartelier, Christine Eckenschwiller

Lumineuse Antigone !

 

Qui ne connaît Antigone, celle de Sophocle d’abord ? Antigone, c’est l’héroïne tragique par essence... la jeune fille innocente qui trouve en elle assez de force et d’abnégation pour s’opposer jusqu’à la mort à un jugement inique... à un ordre injuste imposé par un seul homme, Créon,qui oppose sans faiblir un ordre supérieur, celui des lois non écrites émanant des dieux eux-mêmes. La loi de l’amour contre l’arbitraire dictatorial !

La nouveauté de cette adaptation et de cette mise en scène, c’est, entre autres, l’introduction du kung fu comme guide des mouvements des comédiens et l’utilisation de masques originaux, à l’exception d’Antigone et sa sœur Ismène... et aussi d’Hémon, le fils de Créon, amoureux d’Antigone. Yves Sauton, metteur en scène et adaptateur, a ajouté aussi des connotations féministes. Quatre acteurs se voient répartir tous les rôles. Le chœur est attribué à un comédien affublé d’un masque multiple.

La bataille initiale entre Etéocle et Polynice, les frères ennemis, est un combat stylisé de kung fu (chorégraphie de David Reynard, maître de kun fu). Tout au long de ce spectacle – dont il faut dire tout d’abord qu’il est formidablement beau ! – on apprécie avec un plaisir esthétique total les masques d’Eric Despretz, les costumes d’Hélène
Vigreux et Corinne Eckenschwiller pour le kimono d’Ismène, les créations décor et lumières de Guillaume Sarrouy et Olivier Daulon, les musiques de Bruce Brunetto. Il faut citer tous les créateurs qui ont mis leur talent au service de ce spectacle.

Les comédiens enfin. Linda Bourmel est une lumineuse Antigone. Une Antigone telle qu’on ne pourrait autrement l’imaginer ! Christine Eckenschwiller (Ismène) forme avec sa sœur Antigone un couple théâtralement très réussi. Grégory Cartelier joue Créon, mais aussi le prophète aveugle Tirésias ! Enfin, Laurent Cabrol donne un visage sans masque à Hémon.

Henri Lepine

 

www.lebruitduoff.com / 19 juillet 2012

AVIGNON OFF 2012 : « Antigone » de Sophocle par la Compagnie Théâtre de la Mouvance / à la Fabrik Théâtre.

Concernant le spectacle d’Yves Sauton à partir du texte de Sophocle, Antigone, on peut véritablement parler de revisitation. Le sublime mythe antique est exploré à travers une esthétique orientale qui fait appel au kung-fu et au théâtre masqué. Une mise en scène très esthétique malgré quelques bévues.

Les premières minutes de la représentation sont révélatrices de l’ensemble : la gestuelle précède la parole. Le rideau s’ouvre sur le combat d’Etéocle et Polynice, les deux frères d’Antigone, qui se disputent le trône de Thèbes. Suivant une chorégraphie dense, leurs sabres et leurs corps tournés vers le public, ils s’entretuent.

Le masque de Polynice devient sur le plateau la métonymie de son corps privé de sépulture, selon l’ordre proclamé par Créon, nouveau roi de Thèbes. S’ensuit la désobéissance d’Antigone, le bras de fer entre la loi des hommes et celle des dieux, et la mort conséquente de la plupart des protagonistes, par châtiment ou désespoir.

Le texte passe au second plan dans cette mise en scène, parfois étouffé par une bande-son trop importante, surtout en début de spectacle. Ce sont davantage à travers les corps qu’est menée la réflexion sur le pouvoir, ces corps surmontés de masques plus ou moins convaincants. Seule Antigone, Hélène Péquin, reste le visage nu et nous offre la richesse de ses expressions.

Ce qui apparaît dans ce spectacle, est que le héros est moins celle-ci que Créon. C’est autour de lui que se réunissent le chœur antique et les Euménides, savamment représentés, c’est à lui que s’en remettent les gardes, bouffons qui apportent de la légèreté dans cette tragédie, c’est sur lui que s’acharne véritablement le malheur in fine.

Outre le masque de ce héros véritable, qui rappelle celui de Scream, ce spectacle nous offre quelques moments esthétiques saisissants. L’enfermement et la mort dansés d’Antigone, en noir et blanc, en est un qui suffit à lui seul à emporter l’adhésion des spectateurs venus jusqu’à la Fabrik’Théâtre.

Floriane Toussaint

 

 

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